TRIGGER WARNING (TW) : TW Suicide médicamenteux, prostitution, viol, mort


Elle se tient là. Au milieu de rien.
La brise naturel qui vient la conforter dans son choix d’être venue ici. Le silence qui respecte sa présence et n’ose pas la déranger dans cet instant si particulier. Les feuilles des arbres qui bougent au rythme du zéphyr ambiant, sonnant comme une douce mélodie. Toute la nature l’accueille avec bienveillance et ne la juge pas.
Elle, elle est à genoux sur la mousse de la forêt qui lui offre un lit douillet pour s’allonger paisiblement quand elle le souhaitera.
Elle, elle tient dans sa main un ensemble de gélules de différentes couleurs qu’elle ne regarde pas.
Le crépuscule ne l’appel pas. Il n’est pas insistant, il lui ouvre juste la porte ; une sortie de secours permettant d’accéder à un autre monde. Il est présent pour elle mais ne la brusque pas.
Les oiseaux ont arrêtés de chanter au coucher du soleil, comprenant que ce n’était plus le moment.
Et elle, elle est toujours là, au milieu de cet environnement si paisible qui prend soin d’elle et de ce moment si particulier.
Il n’y aura qu’une seule larme. Une seule petit goutte d’eau qui coulera le long de sa joue, lentement, comme si elle ne voulait pas faire exploser ce havre de paix. Et cette petit particule aqueuse se fait cueillir par les feuilles qui jonchent le sol.
Un geste. Un simple geste, amenant sa main à sa bouche et lorsque cette première se reposa doucement sur le genou de la demoiselle, elle était désormais vide.

Et elle, l’humaine, intrus dans cette flore, se sentait bien. Elle ne dit pas un mot. Pas un seul son ne sortit de sa bouche. Comme si elle respectait autant la nature que celle ci la respectait elle.
C’était la fin. La fin d’une vie. La fin d’une ère. Et bientôt, cette demoiselle pourra s’écrouler de fatigue et de libération dans les bras de Morphée pour l’éternité.
La fille n’était pas triste. Un sourire ornait son doux visage qui contemplait avec bonheur le paysage si sublime que lui offrait la nature.
Elle était heureuse.

Rapidement, elle sentit une lourde fatigue l’accabler. Tout son corps semblait réagir, avec panique, au cocktail médicamenteux. Elle s’allongea, vêtu d’une légère robe blanche, elle posa délicatement la tête sur la confortable mousse.
Petit à petit, ses yeux se fermaient et bientôt elle ne pourrait plus observer la beauté de cette forêt qu’elle aimait tant.
Une deuxième et dernière larme s’enfuit et fit corps avec le sol.
Baboom… Baboom…. Baboom……….. Baboom……….. Baboom………………...Baboom.

Alors que les derniers battements de cœur résonnaient encore, une vague de souvenir vient se déverser devant la demoiselle. Et elle se remémora tous ces moments. Toute cette vie. Tout… Tout ça. Et elle était si heureuse de partir, maintenant….. qu’elle regretta de ne pas l’avoir fait plus tôt.

Et elle se rappela de tout.
De sa naissance, dans une grange miteuse, auprès de ses parents si heureux d’avoir une petite fille. L’argent ne coulait pas à flots mais il était tout à fait possible de vivre ainsi. L’amour que partageait ces trois être vivants pouvait tout surmonter. Tout ?

Elle se rappela de son père qui toussait, qui prenait une batterie de médicament à chaque repas et qui dû rapidement faire de longs séjours à l’hôpital. On avait tenter d’expliquer à cette petite fille, toute petite fille, que son papa était très malade et qu’il devait se soigner pour guérir, mais elle ne comprit rien. Son papa n’était pas là.

Alors, les souvenirs suivant s’enchaînèrent. D’abord, les différents hommes qui entraient et sortaient à toute heure dans la maison. Puis, elle se remémora le visage de sa mère, pleurant à se dessécher, comptant chacun des petits billets qu’elle avait disposé sur la table à manger ; à coté de toutes les factures.
Enfin, elle assimila les bruits qui sortaient de la chambres à coucher de ses parents aux billets qui traînaient sur la table. Et très vite, cette petite fille mit un casque sur ses oreilles pour s’amuser avec ses jouets. Elle ne comprenait pas trop ce qu’il se passait et sa mère lui répétait toujours que ça allait s’arranger avec un sourire tentant de repousser les larmes.

Les échos de son cœur s’éloignaient, petit à petit, lentement, comme distordant le temps, pour lui laisser tout le bonheur de ressasser toute sa vie, tel un ultime châtiment pour accéder à la paix éternel.

Et alors, elle se rappela du jour où tout à commencé. Sa mère, larmes aux yeux, entrât dans sa chambre et s’assied auprès de cette jeune fille, en pleine croissance… et développement.
Alors, la maîtresse de maison, expliqua à son enfant que l’argent manquait pour payer l’hôpital, la maison et la nourriture. Un grand homme, bien habillé, entra dans la chambre et écouta les explications de la mère. Celle-ci donna comme consigne à la chair de sa chair, de bien se comporter avec le monsieur et de faire tout ce qu’il voudra. La jeune fille, acquiesça d’un geste de la tête, souhaitant aider ses parents au mieux.

Ce fut un calvaire.

Et ça recommença. Souvent.

Encore. Et encore.

Pendant des années.

Et la petite fille, devenu jeune femme, pleurait. Tous les soirs. Tandis que sa mère lui répétait en boucle que tout finirait par s’arranger.

Jusqu’au jour où la matriarche ne sortit pas de la chambre après un homme. Alors qu’il n’y avait plus d’inconnu dans la maison, il n’y avait plus aucun son non plus. Pas même ces pleurs si courant, devenu bruit de fond dans cette habitation de malheur.
Et le corps, sans vie, de sa mère bouscula beaucoup trop d’émotion chez sa fille pour que cette dernière puisse pleurer.

Alors elle s’enfuit. Loin. Loin de tout ça. Elle courut aussi vite qu’elle pouvait, sur le chemin qui reliait sa maison à la route.
Mais elle ne put arriver jusqu’à là. Elle tomba à genoux. Et cette jeune femme, qui finissait sa vie dans un silence si paisible, avait crier si fort. Un hurlement si puissant que même les étoiles auraient pu frémir.

Ce n’était qu’une adolescente. Qui n’était pas aller à l’école, qui avait reçu une éducation plutôt bancale et qui depuis des années n’était qu’un produit parmi tant d’autre sur le marché.
Elle cria si fort qu’elle en perdit sa voix brièvement. Elle avait expulser toute cette rage, toute cette tristesse, tout ce mal-être qui l’enchaînait depuis tant d’année. Elle qui avait vu son père mourir d’une maladie incurable et sa mère mourir pour… Pour quoi d’ailleurs ? Pour quoi est-elle morte ? Hein ?

Les derniers échos disparaissaient dans le lointain purgatoire, comme une clé ouvrant la porte d’un immuable havre de paix.
Et cette jeune femme à la robe blanche, étalée au milieu des bois, se souvint de la suite. Comme un dernier supplice avant le paisible repos éternel.

Elle s’était relevé et s’était débrouillée pour rejoindre la ville. La Grande Ville, où se trouvait l’hôpital qui avait vu son père périr, jour après jour.
Et cette jeune femme, sortant à peine de l’adolescence dû trouver un endroit pour vivre, dormir, et manger. Mais elle ne savait pas quoi faire. Elle ne savait pas faire grand-chose… Mise à part n’être qu’une « chose » qu’on manipule à son souhait.
Alors elle fit comme beaucoup de gens. Elle se mit à faire la manche, à voler dans les marchés, à trouver des abris temporaires. Évidemment, elle dû mettre à profit ses années d’expérience pour survivre dans cette société perfide, perverse et cupide. Très peu, seulement quand c’était réellement nécessaire, se dégoûtant un peu plus de soi-même et de l’Humanité, à chaque fois.

Un jour elle rencontra un homme. Qui ne voulait ni de sa chair ni de son pain. Elle rencontra l’exception qui confirme la règle. Un véritable homme bon. Gentil, attentionné et protecteur. C’était un SDF, comme elle. Il était dans cette vie depuis tellement longtemps qu’il avait acquis un petit réseau, des coins sûrs et il partagea avec elle toutes ses astuces et secrets.
Il lui enseigna une nouvelle manière de survivre. La musique. Il lui appris tout ce qu’il savait sur l’art du violon. Il lui montra tous les meilleurs endroits pour gagner de l’argent grâce à une belle mélodie. Elle repris goût à la vie, grâce à lui. C’était un vieil homme, d’une grande sagesse, et elle se sentait bien à ses cotés.

Évidemment, un jour il finit par mourir de son grand âge, laissant cette demoiselle, qui avait bien grandi depuis toutes ces années, seule dans ce monde en pleine folie.
Elle vagabonda, usant des squats et de la musique pour survivre durant quelques petites années supplémentaires, jusqu’à la fatigue physique et émotionnelle. C’est en apprenant, lors d’une visite chez un médecin, ami de son mentor, qu’elle développait petit à petit, une maladie curable nécessitant un traitement lourd et onéreux, qu’elle abandonna. Elle prit cette nouvelle comme un signe de s’arrêter. Elle était arrivé au bout de son existence et elle n’avait pas envie de repousser ce moment en vivant tout ce qu’avait vécu sa mère.

C’est donc avec toute ses économies qu’elle put acheter tous les médicaments qu’elle pouvait. Et qu’elle se rendit à l’endroit préféré du vieil homme. « Si tu respecte la nature, elle te respectera », c’était son mantra.

Tandis que l’écho final de son cœur fondait peu à peu, elle put re-ouvrir les yeux un instant, pour admirer la beauté de la nature. Un moment qui sembla durer une éternité, comprimer dans une toute petite milliseconde. Et elle aperçut une forme humanoïde, rayonnante, se tenir devant elle, juste avant la fin. Elle voulu dire un mot… mais rien. Elle voulu entendre un son... mais rien.

Un soupir.

Le noir.

Plus rien.

Était-ce la Mort ?
Était-ce un Ange ?
Était-ce une illusion ?
Ou était-ce quelqu’un ?
Une dernière question qui n’aura donc jamais de réponse.

…

…
Elle fut réveillé par les gazouillis d’un petit oiseau qui bondissait devant son visage.
Elle qui était allongé, sur le sol humide, habillé en joli robe blanche, s’était réveillé.
Les médicaments n’avaient-ils pas fonctionnés ?
Que s’était-il passé ?
Qui était cette silhouette ?

Elle se sentait bizarre. Elle se sentait différente. Plus aucune fatigue, plus de maux de tête, plus de petites douleurs par ci et par là.
Et surtout, ça semblait être l’après-midi. Avait-elle dormi presque une journée entière ? Plus ?

Confuse, elle se releva doucement, faisant fuir le petit oiseau, et contempla la splendeur de la forêt. Elle resta assise là, sans bouger, essayant de comprendre ce qu’il s’était passé, pendant plusieurs minutes, peut être même plusieurs heures. La forêt avait repris la vie, les bruits ambiants de la nature ne cessaient pas, comme si cette jeune femme s’était réveillée en même temps que la faune et la flore.

Elle se mit debout, tandis que tant de questions rebondissaient dans sa tête. Et c’est alors qu’elle compris. En tout cas, qu’elle prit une raison et proclama celle-ci comme absolue. Il lui fallait une raison pour être encore en vie maintenant. Alors, cette jeune femme, déclara, dans sa pleine conscience, que les Dieux, peut importe qui ils soient, ont décidé de lui offrir une nouvelle chance. Une nouvelle occasion de tout recommencer et d’être quelqu’un d’autre. Comme si elle avait surmonter les épreuves avec succès et que c’était désormais sa récompense.
Elle vivra. Aussi longtemps qu’elle le pourra, pour respecter la nature. Car cette chance est bien la preuve de respect de la nature envers cette nouvelle jeune femme.

Elle avait tout juste 22 ans. Elle ne savait pas faire grand-chose hormis du violon. Alors, elle se mit à jouer ses plus belles mélodies devant les cafés, les théâtres, les opéras, afin de se faire remarquer. Et c’est ce qui arrivera. Un groupe de musicien débutant l’engagea pour son talent. Ils étaient une petite dizaine, tous jouaient des instruments divers et variés et il se dégageait une certaine harmonie de ce mix improbable de tout ce talent.
Elle reçu un salaire, gagner honnêtement, et pu louer un petit appartement. Son chez elle. Son endroit, son sanctuaire. Désormais elle s’appelait Thea. Thea Powels.
Ça dura comme cela pendant quelques semaines. La vie dessinait un chemin très agréable et bien loin du passé.

Malheureusement, un jour tout s’arrêta. Elle fit la rencontre d’un producteur, qui voulait l’engager dans un véritable orchestre symphonique. Cette nouvelle la ravissait absolument, c’était la consécration, pour elle. Elle qui se sentait fatigué ces derniers jours, elle qui ressentait des petites douleurs, elle était si heureuse que tout ces efforts ne soient pas vain. Et lorsqu’elle sera la main de cet homme, pour le remercier vivement, celui-ci s’effondra au sol.
Instantanément, Thea cria à l’aide et se mise à pleurer tandis que la secrétaire se précipita pour appeler les secours. Ce fut sans appel. Les pompiers le déclarèrent mort.

Alors, cette petite fleur qui était entrain d’éclore pour profiter de la vie, se referma aussitôt sur elle même, dans son bourgeon.
Elle s’enferma dans son appartement, laissant son téléphone éteint, n’ouvrant jamais les volets. Elle pleurait, encore et encore. A chaque fois qu’elle fermait les yeux, elle revoyait cet homme lui tenant la main, tomber brusquement sur le sol.

Cela dura des jours. Plusieurs jours durant lesquels elle se sentait bizarrement mieux physiquement mais si détruite mentalement. Plusieurs jours durant lesquels elle ne fit que commander sa nourriture chez le traiteur du coin, mangeait et dormait dans son lit. Elle était persuadé que c’était sa faute. C’était une conviction qui la hantait car lorsque c’est arrivé, Thea avait ressenti une « onde » lui parcourir le bras et venir s’écraser dans le creux de sa main.

Plusieurs semaines passèrent ainsi et son état physique se dégradait à nouveau. Était-ce la maladie qui revenait à la charge ? Était-ce les Dieux qui la chargeaient d’une nouvelle épreuve ? Alors, elle se rappela sa promesse faite à la nature.

Thea se mit à ressortir, progressivement, difficilement de jour en jour, de son appartement. Pour aller chercher à manger à pied. Et, alors qu’elle assista à une agression, elle ne put s’empêcher de penser « pourquoi pas essayer ? ». Elle enleva un gant et couru en direction de l’homme, couteau à la main, qui menaçait un jeune. Thea posa sa main sur le poignet de celui-ci et ce dernier s’écroula au sol. Aussitôt, elle se sentit revivre, comme un poisson qu’on remettrait dans l’eau.

Et elle comprit.

Elle regardait sa main, sans bouger.

C’était autant un cadeau qu’une punition. Vivre, oui. Mais à quel prix ? Sa vie valait-elle plus que celle des autres ? Peut-être. Quel était le Destin qui lui était réservé ? La nature l’avait respecté en lui offrant la vie. Alors, Thea la respecterai, et elle vivra.

Au début, elle ne voulait pas se servir de son « pouvoir », mais en constatant son état qui se dégradait elle fut contrainte de recommencer. Elle trouva un vieil homme, assis dans une ruelle, auquel elle prit la main en pleurant. « Je suis vraiment désolé. »
Thea ne pouvait s’empêcher de pleurer en prenant la vie d’autrui. Il n’y avait pas que des filou, des loubards ou des connards à portée de main.
Une chose est sûre, elle ne sera plus jamais la même. Elle ne sera plus cette petite fleur fragile, abimé par le courant de la vie.
Le monde avait changé, elle aussi.

Dans sa boite au lettre, elle trouva une belle enveloppe contenant des coordonnées et un message. Un message qui lui parlait à elle. Alors elle se rendit sur l’île d’Ascen, pour aller voir cette fameuse académie Swish.

Elle entra dans le dôme, hésitant longuement…. Très longuement à s’avancer plus loin. Elle savait que sa vie était compté, plus que les autres. Elle sentait la Mort la guetter, comme si elle attendait de pouvoir retrouver cette chère Thea. Elle avait peur. Et surtout… elle savait comment éloigner la Mort. Et c’était ça qui la terrifiait encore plus.
Était-ce le seul moyen ?
Peut-être trouvera-t-elle des réponses ici.