Écho dans la nuit.

– Je suis désolé Luna, je n’avais pas le choix.

Ces derniers mots signaient le début de sa tragédie. Les souvenirs bons ou mauvais s’effritaient laissant placent au néant, à un esprit sans pensées. Elle devenait à nouveau cette coquille vide avec déjà ce mal au fond de la poitrine. C’était la fin d’elle-même.

Miroir.

Une flamme s’animait au fond-elle laissant paraitre de nouveau la lumière. Ses yeux ambrés quittaient leurs prisons charnelles pour découvrir les courbes délicates de notre monde. Elle découvrait pour la première fois son reflet, contemplant pendant un instant le tableau mouvant d’elle-même. Son attention fut vite rattrapée par ce bouquet de roses déposées à son chevet. En s’y approchant elle découvrit une lettre.

– Si tu veux des réponses rends-toi seule à ces coordonnées : 43.40194794830143, 10.874454453850367

Nexus.

L’émerveillement fut de courte durée, car rapidement Luna fut la marionnette des malintentionnés. Elle se retrouva dans une « famille » un peu particulière où la violence et les cris étaient la normalité. Amuse-bouche des puissants, elle devenait rapidement l’objet de luxure de certains pervers.

La seule censée dans l’histoire était sa sœur qui l’avait éduquée. Elle projetait toutes les deux de fuir cet endroit avec comme promesse bénigne de voir l’océan bleuté ensemble. Bien sûr Luna n’avait pas oublié la lettre qu’elle conservait soigneusement derrière les plinthes de sa chambre.

Alors, quand l’occasion se présenta, les deux sœurs s’échappèrent de la maison. Mais dans leurs fuites elles furent contraintes de se séparer.

De nouveau seule, guidée par un smartphone volé, elle marcha pendant des jours en direction des coordonnées. Sur la route elle se nourrissait de ce qu’elle trouvait dans les poubelles, elle dormait sous les devantures des magasins. Mais il était hors de question pour elle d’abandonner, alors après des kilomètres à s’abimer les pieds, elle était enfin arrivée à l’endroit tant convoité.

Le bâtiment sous ses airs lugubres n’impressionnait pas Luna qui avait déjà vécu l’enfer. C’était en passant ses portes qu’elle découvrit un nouveau monde. Des hommes armés venaient pointer leurs armes en direction de la blonde avant que l’un deux daignent lever la voix.

– Comment t’as trouvé notre planque fillette et surtout tu branles quoi ici. Bordel appelez-moi le chef pour savoir ce qu’on va faire d’elle.

Luna resta muette et en voyant ce qui semblait être le chef s’approcher, elle lui tendit la lettre froissée de sa main droite. L’homme surpris, saisit le bout de papier avant de dévisager la jeune adolescente.

– Hmm, tu dois être Luna. On m’a payé pour m’occuper de toi. Je n’ai par contre aucune réponse mais si tu as besoin d’un toit, bienvenue chez les Nexus.

Liberté.

Au sein du gang Luna ne traitait aucune activité illégale, elle s’occupait simplement de masser ses supérieurs. Elle était considérée par tout le monde comme la petite sœur du gang, ils essayaient donc un maximum de l’écarter des activités du groupe. Ça ne l’avait pas empêché de gouter aux drogues douces et dures qui devenaient rapidement une nécessité pour apaiser les épisodes traumatisant de son passé.

Elle se sentait désormais libre, passant la majorité de son temps à feuilleter des livres et étudier. Quelquefois elle essayait de retrouver en vain ce qu’elle avait perdu, sans jamais rien retrouvé. Elle développa en parallèle une passion pour les arts martiaux et la moto.

Adieu.

Ce soir d’orage sa vie bascula une nouvelle fois. Alors qu’elle était en train de rentrer à la planque à moto, elle perdit le contrôle de sa Harley s’écrasant violemment sur le sol. La jambe gauche ensanglantée, elle rampa sur le sol dans le but de ne pas rester au milieu de la route. Mais au lieu d’avancer, elle s’enfonça dans le bitume. La jeune adolescente, désespérée, tenta de se débattre mais ses efforts ne furent pas récompensés.

Plongé dans le noir complet, Luna tentait de trouver une explication rationnelle à ce qui était en train de lui arriver. Mais alors qu’elle était en train de se torturer l’esprit, la blonde ressortit du sol progressivement. Rassuré, elle continua de ramper.

Une fois sur le côté de la route, elle observa l’état de sa jambe en grimaçant. Elle avait une plaie fine le long de sa jambe, tremblotante elle sortit son téléphone pour essayer de joindre les secours mais étrangement elle n’avait pas de réseau. N’ayant aucune compétence médicale, la blonde utilisa sa veste en guise de compresse avant de s’évanouir.

La blonde se réveilla plusieurs heures après sous un soleil éclatant. A bout de force, elle s’injecta de l’héroïne pour atténuer la douleur. Puis en s’aidant d’un bout de bois elle se releva pour marcher en direction de la planque. Mais en arrivant devant le bâtiment, surement l’effet de la drogue, il semblait déformé comme s’il avait été étiré. Luna ne se posa pas plus de questions et essaya de pousser la porte. En tentant de la pousser ses bras traversèrent la porte comme si le bois était en réalité un liquide. La blonde un peu sous le choc traversa la porte.

L’endroit avait l’air bien plus calme que d’habitude, Luna tenta de demander s’il y avait quelqu’un, mais personne ne semblait s’y trouver. La jeune adolescente se pinça le bras, elle devait être dans un mauvais rêve pourtant elle ressentait la douleur.

Elle commençait à désespérer jusqu’au moment où elle sentit une douce odeur de poulet émaner d’une des pièces. En rentrant dans la pièce, pas de trace de poulet rôti juste un tas de vêtements sales. Luna était dans l’incompréhension.

…

Des jours s’écoulèrent et la blonde ne savait toujours pas où elle se trouvait. Elle avait compris que ce monde ne fonctionnait pas de la même manière et que les lois de la physique ne s’appliquaient pas ici. Mais ce qu’elle ne saisissait pas c’était comment elle était arrivée ici et surtout comment retourner chez elle. Elle était prisonnière de cette dimension parallèle qui semblait sans issue.

Comme bloqué sur une île déserte, Luna commençait à mal vivre la solitude ce qui la trainait progressivement dans les bras de la folie. Globalement elle discutait seule et rigolait sans raison.

Un jour en naviguant entre les pièces de l’hôpital qui servait de planque, elle tomba sur un miroir. Jusqu’ici rien de spécial. Luna s’amusa à faire des grimaces avant de lâcher une phrase en rigolant.

– Mon beau miroir.

D’un seul coup la blonde traversa le sol, sombra dans le noir avant de ressortir du même sol. Exactement le même schéma que la dernière fois. La blonde prit un peu de temps à comprendre ce qui lui était arrivé avant de se précipiter en direction de la chambre de son chef. Elle ouvra la porte avant de tomber en larmes. Il y était, elle avait réussi à sortir de ce calvaire.

– Chef, je…

– Traitresse tu as osé revenir ici alors que tu as disparu depuis des mois.

Le chef se saisit du poignet de Luna, la trainant dans le hall d’entrée.

– Regardez qui voilà, amenez-moi l’aiguille et tenez-la fermement.

Le chef se saisit de l’aiguille la trempant dans l’encre de charbon et commença à la tatouer sur le cou. Il inscrivit le mot « traitre » avant de la libérer. Il récupéra une lettre dans son manteau avant de lui tendre.

– Tiens prend ça et dégage.

L’adolescente bouleversée acquiesça, se saisit de la lettre avant de partir. Elle en lut son contenu avant de soupirer, encore des coordonnées et surement des mensonges. Elle se laissa glisser sur un arbre avant de réfléchir. Si ça se trouve elle trouvera à cet endroit les réponses à ses questions.

Espoir.

Elle avait décidé de tenter l’expérience et déjà à son arrivée elle n’avait pas été déçue. On lui avait déjà donné une réponse, le pourquoi elle s’était retrouvée dans ce monde bizarre. Donc les pouvoirs existaient et tout prenait sens. C’était un nouvel espoir pour elle, peut être qu’elle rencontrera quelqu’un qui pourra l’aider à retrouver la mémoire

Rapidement, elle intégra la Classe B sans réel effort. Naturellement elle avait choisi les mathématiques pour l’aider à la compréhension du monde miroir. En parallèle, elle proposait ses services de massages afin de récolter des swishes et ainsi financer ses recherches. Même si la majorité partait dans les soirées et surtout la drogue.

Elle ne souhaitait qu’une chose : résoudre tous les mystères qui l’entouraient.