Tout commença par un accord commercial, deux familles, deux entreprises, qui allait être unis en une seule grâce à un mariage arrangé, l’homme comme la femme comprenait que la fortune de la famille serait multipliée, en outre, la femme grimpait même dans la noblesse en épousant un duc, grimpant quelques échelons en passant de comtesse à duchesse. Tout le monde y était gagnant et les entreprises s’assuraient un avenir radieux.

De cette union naquit un enfant, aux cheveux roux, déjà capricieux à sa naissance, ils s’époumonaient dès que quelque chose n’allait pas. Le couple était heureux d’avoir un héritier qui pourrait récupérer la fortune. Les parents, bien trop occupés à diriger l’entreprise et à vaquer à leurs occupations de leurs rangs, s’étaient empressés de le refiler à tout un personnel. Si certains enfants étaient nés avec une cuillère en argent dans la bouche, Perceval avait avalé toute l’argenterie de la famille. L’enfant pleurait pour un oui ou pour un non jusqu’à ses 6 ans, s’il n’avait pas ce qu’il voulait, les larmes montaient, quand on lui refusait quelque chose pareil et il ne fallait même pas essayer de le séparer de ses peluches préférées.

Vers ses 6 ans, Perceval comprit quelque chose, si quelqu’un avait le pouvoir parmi tous les gens qu’il voyait, c’était lui, après tout, ses précepteurs étaient payés comme tout le personnel, alors il décida de faire en sorte que seuls ceux qu’il appréciait restent. Tous ceux qui étaient trop durs avec lui ou qu’il ne pouvait pas encadrer furent licenciés par le père, l’enfant excella pour trouver des prétextes, « il ne m’a pas appelé jeune duc », « il a fait une faute d’orthographe », « il pue le bleu d’Auvergne » ce qui après un léger tour dans les cuisines s’avéra exact.

Il continua donc ainsi durant toute sa jeunesse, il semblait comprendre pourquoi ses parents étaient rarement présents, après tout, un grand pouvoir impliquait de grandes responsabilités. Malgré la compréhension de cet éloignement, le jeune en souffrait, il fut confronté à une solitude assez pesante. Quand ses parents étaient là, il n’était pas question d’affection, il intégra l’idée que montrer de l’affection était une faiblesse et qu’il fallait rester suffisamment de marbre pour ne montrer aucune faiblesse.

Encouragé dans ses caprices durant toute sa vie, le jeune garçon ne cessa pas de l’être, au contraire, ses demandes étaient de plus en plus précises, comme un chien avec exactement la même Rouky et un renard comme Rox, tout ça fut trouvé et après une simple semaine, le garçon se lassa des animaux, laissant les domestiques s’en occuper. Malgré avoir fait ses propres choix en termes d’enseignants, le jeune homme excellait, il était plus que talentueux dans les langues et dans l’histoire, sa curiosité le poussait à apprendre toujours plus néanmoins, il ne trouvait aucun intérêt aux matières scientifiques mais s’en sortait sans trop de problèmes.

Lors de son adolescence, Perceval fut convié à quelques réunions de la noblesse anglaise, il sut briller par son intelligence et sa culture, appréciant certains sujets échangés, le jeune noble se passionna pour la politique, dévorant des tas d’ouvrages, interrogeant tous ses professeurs et se renseignant sur les partis qui collaient le plus à ses valeurs. Il refusa d’aller dans un collège pour riche, l’idée de se mêler à la population le répugnait et préférait nettement rester dans son immense manoir à donner des ordres par centaines.

Vers ses quinze ans, le jeune homme comprit qu’il était spécial, il avait déjà bien intégré qu’il était parfait et qu’il méritait bien plus de respect que les autres, mais quand il comprit qu’il avait un pouvoir, il se sentait vraiment unique. Il pratiqua son don jour et nuit, le seul membre du personnel qui avait appris son pouvoir et qui était donc devenu son cobaye avait prévenu ses parents qui commencèrent à s’inquiéter et avoir peur de leur enfant. Perceval, lui, ne voulait que s’entraîner, connaître ses limites et maîtriser correctement ses pouvoirs, ses parents, eux, ne voyaient que le mal qu’il pourrait faire.

Alors, après avoir reçu la lettre d’admission pour l’école Swish, le jeune homme fut directement envoyé là-bas, il avait protesté, crié, hurlé, donné tous les arguments possibles, sorti les menaces les plus incongrues mais rien n’y fait, il se retrouva donc dans un nouvel endroit avec des tas de gens, lui qui avait toujours grandis loin des autres, il tenait déjà à prouver sa supériorité aux autres.

On lui fit passer des tests, il réussit les deux sans trop de difficultés puis il découvrit la vie sociale, ce ne fut pas trop dur pour lui, la rumeur qu’un duc était à l’école s’était propagée dans sa classe comme une trainée de poudre. Il constitua donc son petit groupe de « minions » sans le moindre mal pour s’assurer de ne jamais manquer de groupies durant sa scolarité.

Perceval n’en a eu que faire des tragiques évènements survenus ces derniers jours, si des élèves sont décédés, c’est de leur faute, il fallait être idiot pour se rendre vulnérable ainsi. Pour sa protection et sa sécurité, il évite de se déplacer seul en dehors de l’académie se disant qu’il pourrait toujours envoyer un boulet sur ses agresseurs et en profiter pour fuir.