« Dis-moi, petit frère, à qui parles-tu ? »
Mais ne la vois-tu donc pas, cette grande poupée aux joues roses et à la chevelure blonde comme les blés ? Mais ne l’entends-tu donc pas, son rire cristallin, lorsque papa raconte une plaisanterie pendant le dîner ? Mais ne les entends-tu donc pas, ses chuchotis au creux de tes oreilles, au moment où tes paupières se ferment ? Mais ne le sens-tu donc pas, son souffle sur ta nuque, à chaque fois que tu ouvres la porte de la maison pour la quitter ?
« Dis-moi, petit frère, pourquoi restes-tu enfermé dans ta chambre ? »
C’est son sourire qui s’élargit à chaque fois. A chaque fois que sa sœur pose cette question. Et ses yeux qui s’étirent. Qui sourient eux aussi. C’est son souffle qui se fait plus présent, son souffle glacé, à chaque fois qu’il quitte sa chambre. Ce sont ses murmures, qui deviennent de plus en plus audibles, à chaque jour qui passe. Ce sont ses gestes, qui deviennent de plus en plus désarticulés, quand elle s’approche de lui pour le serrer dans ses bras. Ses bras aussi froids que la mort.
« Dis-moi, petit frère, pourquoi cet air si effrayé ? »
Mais ne la vois-tu donc pas, cette grande poupée aux joues roses qui s’approche avec ce sourire macabre ? Mais ne l’entends-tu donc pas, son rire machiavélique, tandis qu’elle l’entoure de ses bras ? Mais ne l’entends-tu donc pas, cette voix si douce et si mielleuse qui lui souhaite de doux rêves ?
« Petit frère ? Petit frère ? Pourquoi tu es si froid ?! »